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Par Dr Scott Buesing, médecin naturopathe
Le ptérostilbène est un composé chimique présent dans les plantes. C’est un polyphénol dont la structure est similaire à celle du resvératrol. Toutefois, en raison de légères différences structurelles, le ptérostilbène est plus liposoluble. Cette différence en améliore la biodisponibilité. D’une manière générale, la recherche menée sur les animaux a montré que le ptérostilbène avait des effets sur la santé similaires à ceux du resvératrol, mais plus marqués.
Le ptérostilbène est bien absorbé, facilement diffusé dans l’organisme et peut traverser la barrière hémato-encéphalique — des facteurs inhabituels pour de nombreux polyphénols naturels bénéfiques pour la santé. La curcumine, un polyphénol du curcuma connu pour ses puissantes propriétés anti-inflammatoires, est très mal absorbée par le tube digestif. La quercétine, un autre polyphénol, est également mal absorbée. Cela donne au ptérostilbène un avantage potentiel sur les autres polyphénols pour une utilisation clinique.
Le ptérostilbène a été découvert pour la première fois en tant que composé dans le bois de santal. Au fur et à mesure que les recherches progressaient, d’autres sources ont été découvertes, notamment les myrtilles, les raisins, les cacahuètes et le Kino de Malabar. Ce composé est produit en plus grande quantité en réponse aux agents perturbateurs des plantes et aux infections fongiques. En général, le ptérostilbène se trouve en plus forte concentration dans les fruits, les feuilles et le bois de cœur des plantes connues pour le contenir.
Le ptérostilbène suscite beaucoup d’enthousiasme dans les recherches publiées. Les auteurs des études ont reconnu de nombreux effets potentiels, notamment des effets antioxydants, anti-inflammatoires et antidouleur. En outre, ils ont constaté un effet d’équilibrage de la glycémie, un effet anti-obésité et des effets protecteurs sur le cœur et le cerveau. Cependant, la recherche sur les êtres humains est encore assez limitée, malgré toute cette agitation.
De la même manière que la vitamine C et la vitamine E, il a été démontré que le ptérostilbène contribue à réduire les dommages causés par les radicaux libres. Les recherches publiées montrent que le ptérostilbène a des effets antioxydants directs et qu’il régule les enzymes et les défenses antioxydantes dans tout le corps. On suppose qu’une grande partie des bienfaits potentiels du ptérostilbène sur la santé sont liés à ses effets antioxydants.
Une intensification de l’activité inflammatoire dans l’organisme a été associée à un certain nombre de maladies chroniques. L’oxyde nitrique est une molécule signal qui peut jouer un rôle inflammatoire dans les réponses immunitaires. La cyclo-oxygénase (COX) est une molécule de signal inflammatoire distincte qui est inhibée par l’aspirine et l’ibuprofène. Ces deux molécules de signal inflammatoire semblent être inhibées par le ptérostilbène. Des concentrations excessives de ces deux enzymes ont été associées à plusieurs maladies chroniques.
Les propriétés antidouleur ne sont pas encore prouvées, et les essais cliniques sur les êtres humains font largement défaut. Si les effets anti-inflammatoires décrits ci-dessus semblent indiquer le potentiel du ptérostilbène comme traitement de la douleur et de l’inflammation, les données recueillies chez les humains sont extrêmement limitées. Cependant, les études sur les animaux confirment la plupart du temps les effets de réduction de la douleur. Une étude récente a permis de constater une réduction du gonflement et de l’inflammation dans un modèle d’arthrite chez le rat. En outre, le ptérostilbène a permis d’améliorer la composition de la flore intestinale, en diminuant les bactéries pathologiques dans l’ensemble du tube digestif, ce qui peut également contribuer à réduire l’inflammation.
Une étude distincte sur les rats a également examiné le ptérostilbène dans un modèle d’arthrite rhumatoïde. Lorsqu’elle est associée à une activité physique modérée, cette combinaison s’est avérée efficace pour aider à améliorer l’état de santé.
Bien que les études animales et les modèles de culture cellulaire soient intéressants, des études sur les êtres humains sont nécessaires pour mieux comprendre le potentiel du ptérostilbène. Un essai sur des volontaires prenant 450 mg de ptérostilbène par jour, une dose considérée comme sûre pour la consommation humaine, n’a pas permis de faire monter les taux sanguins suffisamment haut pour produire des effets cliniques de réduction de la douleur. Les auteurs ont recommandé une étude de détermination de la dose pour essayer d’établir si une dose plus élevée serait sûre et efficace pour réduire la douleur et l’inflammation chez les êtres humains.
Parmi plusieurs composés naturels, certains semblent prometteurs pour équilibrer la glycémie et contribuer au traitement du diabète. La cannelle, la berbérine et l’hibiscus ont tous montré des avantages potentiels. Plus récemment, des études sur le ptérostilbène suggèrent que cette substance est très prometteuse pour aider à contrôler la glycémie et les complications du diabète.
À l’instar de nombreux autres avantages potentiels du ptérostilbène, les données animales suggèrent vivement des avantages pour le diabète, mais des données d’essais cliniques sur les êtres humains sont nécessaires. Dans cadre de certaines des premières recherches, on a administré du ptérostilbène à des rats diabétiques. Les chercheurs ont constaté que le ptérostilbène avait des effets réducteurs de glycémie comparables à ceux de la metformine, un médicament standard contre le diabète.
On a établi une corrélation entre une consommation élevée de fructose (présent dans le sirop de maïs à haute teneur en fructose) et l’augmentation des maladies cardiaques, du diabète et des problèmes de glycémie. À ce titre, il a même été intégré dans des modèles animaux, où des doses élevées de fructose peuvent rapidement provoquer un dérèglement de la glycémie et des maladies cardiaques. Étonnamment, chez les animaux dont tous les glucides alimentaires ont été remplacés par du fructose, le ptérostilbène a pu empêcher les changements relatifs au diabète.
D’autres études animales sur le diabète ont mis en évidence un certain nombre d’effets de protection du ptérostilbène. Les lésions rénales, courantes en cas de diabète, sont inhibées par le ptérostilbène. Chez les diabétiques, la cicatrisation des plaies est souvent médiocre. Une application topique de ptérostilbène a permis d’améliorer la cicatrisation des brûlures chez les rats diabétiques. Une autre complication bien connue du diabète est la perte d’audition. Chez les rats diabétiques, il a été démontré que le ptérostilbène contribuait à protéger de la perte auditive en atténuant les dommages causés par les radicaux libres.
L’obésité est en train de devenir une véritable épidémie dans le monde entier. Et bien que l’on considère souvent que c’est un manque de volonté de manger moins, les données suggèrent d’autres causes sous-jacentes. En effet, les taux d’obésité ont augmenté de manière synchronisée dans tous les groupes d’âge. Il faudra probablement recourir à d’autres approches que le régime alimentaire et l’exercice physique pour lutter contre l’épidémie d’obésité. Les premières données suggèrent que le ptérostilbène pourrait jouer un rôle.
Le tissu adipeux brun est un type de graisse présent dans le corps qui utilise les calories pour produire de la chaleur. Le tissu adipeux blanc est le tissu gras associé à la prise de poids et à l’obésité. Le tissu adipeux brun est métaboliquement actif, brûlant les calories excédentaires, ce qui peut être bénéfique pour la perte de poids. Il a été démontré que le ptérostilbène, dans des modèles animaux, augmente la consommation de calories du tissu adipeux brun. En outre, on a constaté que le ptérostilbène contribuait à transformer le tissu adipeux blanc pour qu’il se comporte davantage comme le tissu adipeux brun et brûle des calories supplémentaires.
Il est intéressant de noter que le ptérostilbène s’est également révélé capable de bloquer la réplication des cellules graisseuses et l’absorption des graisses dans le tissu adipeux blanc. On sait également que l’obésité augmente l’inflammation. Les cellules graisseuses produisent des molécules de signal inflammatoire qui entraînent une inflammation excessive dans tout le corps. Grâce à ses effets anti-inflammatoires, le ptérostilbène contribue à bloquer ce signal inflammatoire provenant des cellules graisseuses.
Les bienfaits sur la flore intestinale, mentionnés précédemment, semblent également pertinents pour l’obésité. Les variations spécifiques de la flore intestinale sont bien connues pour favoriser la prise de poids. Les effets du ptérostilbène sur le rééquilibrage de la flore intestinale semblent également jouer un rôle dans le traitement de l’obésité. Des études animales ont montré une correction des déséquilibres de la flore intestinale observés chez les animaux en surpoids auxquels on a administré un complément de ptérostilbène.
La fréquence de la maladie d’Alzheimer augmente en raison du vieillissement de la population mondiale. Et malheureusement, il n’y a pas de traitement reconnu pour ralentir la progression de la maladie. À l’heure actuelle, même avec un traitement standard, lorsqu’une personne développe la maladie d’Alzheimer, elle subit un déclin lent et inexorable qui conduit finalement à la perte de mémoire, à l’invalidité et à la mort.
En raison de ces sombres perspectives, la recherche a exploré des approches non conventionnelles. Plusieurs compléments alimentaires, dont l’acétyl-L-carnitine, l’huile de poisson, et la citicoline ont fait l’objet de recherches qui laissent entrevoir des avantages au moins modestes pour la prévention ou le traitement de la démence. Et le ptérostilbène est potentiellement prometteur. Un premier essai sur des rats âgés a consisté à leur administrer un complément de ptérostilbène et à suivre la fonction cognitive des animaux. Dans cette étude, le ptérostilbène a été capable d’inverser le déclin cognitif lié à l’âge. Parmi les bienfaits, on compte des améliorations de la mémoire.
L’acétylcholine est un neurotransmetteur clé qui régresse dans les cas de démence. Des études tendent à montrer que le ptérostilbène contribue à contrer ce déclin en réduisant son métabolisme et sa dégradation. D’autres études animales sur différents modèles ont confirmé ces résultats, montrant une amélioration des performances de la mémoire et une augmentation des niveaux d’acétylcholine. Dans un modèle de vieillissement accéléré chez la souris, le ptérostilbène a pu contribuer à prévenir la perte de mémoire et à améliorer l’inflammation et d’autres signes liés à la pathologie de la démence. Dans le même modèle animal, le resvératrol n’était pas efficace.
Grâce à un certain nombre de mécanismes déjà décrits, notamment les effets antioxydants et anti-inflammatoires, le ptérostilbène semble également contribuer à la protection contre les maladies cardiaques. Plusieurs études ont montré que, toujours sur des modèles animaux, le ptérostilbène protège le cœur des dommages ou améliore la fonction cardiaque, même en cas d’insuffisance cardiaque aiguë ou après une crise cardiaque. Des essais préliminaires sur les êtres humains semblent également indiquer que le ptérostilbène pourrait avoir un effet hypotenseur sur la tension artérielle. En procédant à des essais cliniques supplémentaires sur les êtres humains, on peut espérer que le ptérostilbène présenterait des avantages significatifs pour le cœur, comme un certain nombre d’autres composés naturels, notamment le CoQ10, la carnitine, et l’extrait d’ail.
Les études animales et les modèles précliniques semblent indiquer clairement le potentiel significatif du ptérostilbène. Les dernières recherches ont mis en évidence des bienfaits au niveau des antioxydants, des anti-inflammatoires, de la réduction de la douleur, de l’équilibre de la glycémie et de la protection du cœur et du cerveau. Et contrairement à de nombreux autres composés naturels prometteurs, le ptérostilbène est bien absorbé et bien diffusé dans l’organisme. Au fur et à mesure que la recherche clinique sur des sujets humains progresse, le ptérostilbène pourrait devenir un traitement potentiel pour un certain nombre de pathologies difficiles.
Références :
